Anne-Charlotte Arnould, scénographe et visual merchandiser, nous livre, le temps d’une interview, ses secrets concernant la vitrine…
MW: Parlez-nous de votre parcours ?
A-C: Mon parcours est quelque peu atypique, je viens de l’univers du théâtre. En effet, j’ai fait des études artistiques orientées vers l’univers du spectacle, à la suite desquelles j’ai fait une formation de Scénographe-Décorateur. Je suis donc passée de la scénographie de théâtre à la scénographie de vitrines car très rapidement je me suis rendue compte qu’il me manquait la résonance commerciale qui apporte un « challenge » supplémentaire. Devenir « window designer » m’a permis d’allier ces deux univers assez différents mais, qui font tout l’intérêt du merchandising, à savoir le côté créatif et également commercial. C’est ce qui me plaît dans ce métier !
MW: Racontez-nous comment tout a commencé : quelle première vitrine avez-vous conçu ?
A-C: La première vitrine que j’ai eu à réaliser était pour Chloé, lors de mon stage de fin de diplôme. Avec la responsable merchandiser de Chloé International, nous devions créer les vitrines pour la Fashion Week du mois de septembre, et nous avons seulement eu le mois d’août afin de mettre en place ce projet pour 5 vitrines aux Galeries Lafayette, boulevard Haussmann. Je me suis retrouvée en vitrine, en pleine nuit, à finaliser tous les détails. Malgré la fatigue, il y avait quelque chose de magique à être là. C’est là que j’ai eu la confirmation que c’est j’étais à ma place et que c’est ce que je voulais faire !
« En vitrines, on ne fait pas de l’art pour faire de l’art, le but est toujours de raconter une histoire »
MW: Vos vitrines préférées depuis ?
A-C: Gros coup de cœur pour les vitrines de chez Lanvin (au temps d’Albert Elbaz), pour moi ce sont vraiment une référence, ce sont des vitrines qui sont presqu’à part, il y avait toujours énormément d’humour, d’élégance, le produit y était vraiment mis en avant mais, toujours au sein d’histoires originales.
Coup de cœur également pour les vitrines de chez Hermès, pour moi c’est une Maison à part qui met en avant les créations des artistes avant même le produit car le produit fait partie de l’histoire racontée en vitrine.
MW: Avez-vous déjà collaboré avec ces marques ?
A-C: Je travaille pour Hermès. Je fais partie de l’équipe de freelances qui installe les vitrines en France.
MW: Quel est le rôle des vitrines ? A-t-il évolué depuis vos débuts ?
A-C: Les vitrines sont très importantes : c’est la carte de visite du point de vente ou de l’enseigne étant donné que c’est le premier point de contact avec le chaland. Il y a donc un intérêt à ce que la vitrine soit élégante, que l’on comprenne facilement le produit, le service ou ce qui est proposé, et surtout que ça raconte une histoire et que ça attire !
Depuis une quinzaine d’années, il y a eu une prise de conscience de la part des marques. Et l’intérêt de celles-ci pour le visual merchandising dans sa globalité : à la fois pour l’intérieur des boutiques car il très important de faire vivre une collection tout au long d’une saison, de la faire évoluer, de changer les produits, d’avoir des rotations… et également pour les vitrines. Evidemment, le luxe l’a compris il y a bien longtemps. Aujourd’hui les enseignes des autres niveaux de gamme essayent elles-aussi d’avoir des vitrines bien pensées et bien réalisées.
MW: Quelle est votre source principale d’inspiration ?
A-C: Tout est source d’inspiration : marcher dans la rue, regarder l’architecture, voir à des expositions, des films, des salons, l’art, la vie, les tendances populaires… Les voyages sont une source d’inspiration concernant les couleurs, les imprimés, etc.
« Les vitrines sont très importantes : c’est la carte de visite du point de vente ou de l’enseigne »
MW: Qu’est-ce qui vous intéresse avant tout pour collaborer avec une marque ?
A-C: J’aime particulièrement les maisons qui ont une histoire, qui racontent quelque chose, qui ont un héritage ; et j’ai la chance de travailler et d’avoir travaillé avec des marques qui me plaisent beaucoup.
J’ai beaucoup collaboré pour des marques du luxe notamment dans l’univers du prêt-à-porter et également de la cosmétique. Lors de mes débuts en free lance, Cartier m’a fait confiance et j’ai créé la vitrine du sac Marcello. J’ai aimé travailler pour Chloé, Nike, Erès, Bompard…
Ce qui compte c’est le produit et l’histoire que l’on doit raconter.
MW: Avez-vous une formule magique de la vitrine idéale ?
A-C: Une vitrine qui fonctionne c’est une vitrine qui nous fait réagir. C’est une vitrine qui raconte une histoire ou qui a un message clair ; et qui va faire réagir d’une façon ou d’une autre, qui ne va pas laisser indifférent. Si l’on réussit, ne serait-ce qu’à faire ralentir le pas d’une personne ou à attirer l’attention, c’est gagné !
MW: Comment créer une expérience qui se démarque et qui marque les esprits ?
A-C: Il faut faire réagir, faire rire, certaines marques essaient même de choquer. Dans la mesure du possible, il faut essayer d’être novateur ou original. En utilisant les nouvelles technologies, en faisant références à l’art ou à une tendance marquante, en utilisant l’humour… L’important est de se renouveler.
MW: Comment savez-vous que vos vitrines ont plu ?
A-C: A travers le chiffre réalisé en boutique, la fréquentation du point de vente. Il peut y avoir aussi le buzz ou le bouche à oreille !
MW: Quels conseils donneriez-vous aux marques qui n’ont pas vraiment de budget pour leur vitrine ?
A-C: Essayer de faire simple, de rester sur quelque chose d’élégant, de propre et de bien fait.
MW: Que pensez-vous de notre concept ? Que peut-il apporter aux commerçants ?
A-C: C’est un concept qui me paraît intéressant car ça peut apporter un nouveau souffle ; notamment aux boutiques indépendantes et aux petits réseaux qui n’ont pas forcément les moyens ou l’expertise d’avoir une vitrine élaborée. C’est également l’occasion pour eux d’avoir une vitrine plus premium.
Un grand merci à Anne-Charlotte Arnould pour ce moment partagé.
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