Rendez-vous avec « La P’tite Cave » et son charmant propriétaire Michel Thievin

Nous avons rendez-vous, aujourd’hui, Boulevard de Port-Royal, à Paris, dans un établissement qui a su garder le charme des boutiques d’antan, « La P’tite Cave». Son propriétaire, le sympathique Michel Thievin, qui pourrait déjà être à la retraite s’il n’aimait pas tant son métier, nous a fait le plaisir de nous recevoir. Rencontre.

Vous avez une belle vitrine – comment vous en occupez-vous ?

MT : Je la décore en choisissant des thématiques, une par mois, en fonction du type de vin, de la région, des animations que je propose et des vignerons qui passent. Aujourd’hui, c’est la Corse qui est à l’honneur, la vitrine est décorée avec des plantes, des herbes qui rappellent le maquis corse, et de vieilles affiches des vins de l’ile de Beauté viennent compléter la décoration. Mais, on fait aussi des choses pour la fête des mères, des pères, j’utilise notamment des dessins d’enfants, ou des poussins pour Pâques. Il y a une vraie rotation, et je cherche à avoir à chaque fois de belles animations.

Coté vins, comment fonctionnez-vous ?

MT : Je me limite à une référence par appellation, qu’on a pris le temps de sélectionner. Il y a quelques exceptions, pour le Crozes-Hermitage par exemple, j’ai rencontré 2 vignerons exceptionnels, aussi je fais leurs vins à tous les 2. Mais, ce cas de figure est quand même très rare, et une fois qu’on a sélectionné un vigneron, on reste assez fidèle sur son appellation.
Par ailleurs, j’aime bien faire connaître des régions méconnues et sous-cotées, les vins d’Auvergne notamment.
3 weekends sur 4, on est dans les vignobles, on couvre toutes les régions, on fait beaucoup de route pour ce travail de sélection.

Quand vous dites « on » c’est vous et… ?

MT : …ma compagne ! C’est maintenant ma collaboratrice, elle travaillait dans le cinéma puis c’est devenu difficile pour elle et elle est venue travailler à mes côtés à La P’tite Cave. Elle m’aide énormément sur la partie informatique, à laquelle je ne comprends absolument rien !

Racontez-nous votre histoire d’amour avec le vin

MT : C’est une très longue histoire ! Jeune, j’ai d’abord voulu être prof de sport ; puis, à partir de 1979, je me suis lancé dans le monde du vin, en obtenant mon diplôme d’œnologie à l’université de Dijon. J’ai commencé dans la production, au Château Rouet ; j’ai passé 7 ans là-bas. Puis, je suis monté à Paris pour travailler chez un négociant en vins ; je m’occupais du labo, de la filtration et de la mise en bouteille, c’était un poste très technique et très intéressant. Puis l’Union Européenne est arrivée, et avec elle de nouvelles législations, et notamment une qui exige qu’un vin portant une appellation doive être embouteillé dans sa région d’origine : mon poste a donc disparu. J’ai rebondi avec un job de courtier : je trouvais des vins fins pour des importateurs hollandais et belges ; belle expérience car ça m’a permis de visiter beaucoup de vignobles, et j’ai pu ainsi enrichir mes connaissances sur les vins. Finalement, j’ai voulu retourner dans le vignoble, mais mes filles, qui voulaient faire leurs études à Paris, en ont décidé autrement. J’ai donc ouvert ma cave en 1999, « La P’tite Cave ». J’hésitais à reprendre une cave existante, mais la création s’est avérée plus intéressante, avec tout le travail d’élaboration de la sélection. J’ai quand même rencontré quelques difficultés, d’abord pour trouver une banque qui accepte, et ensuite pour restaurer le local : on a passé 2 mois à faire des travaux.

Le métier de caviste n’a donc plus aucun secret pour vous ?

MT : Ce qui est sûr c’est que je commence à m’y connaître ! Le vin, il vit, c’est hyper important de bien le conserver, tous mes vins sont allongés, à la différence des spiritueux qui doivent rester debout, pour ne pas que l’alcool ronge le liège. Quand on a touché et travaillé le vin, comme moi, on fait sûrement plus attention à ces choses-là. Par ailleurs, j’ai choisi cette boutique en particulier car elle est orientée nord, elle est donc toujours à l’ombre, ce qui optimise la conservation des bouteilles.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus aujourd’hui ?

MT : C’est d’avoir pu garder le rapport avec le vignoble. Et puis, bien-sûr, pouvoir satisfaire les clients, et discuter avec eux : j’adore parler de mon produit.