Comme toutes ces églises de centres-villes qui se meurent, les commerces des petites villes et des villages disparaissent aussi. Nous pourrons bientôt faire de ces églises des panthéons de commerçants, vestiges à la gloire de ces derniers héros de nos centres-villes ! Il n’y aura de toutes façons personne pour les visiter.
Alors avant de lire la liste des 500 000 commerçants morts pour la France pour lesquels nous pourrons sonner un clairon digital, combattons. Car il y a bien un combat à mener.
Ce combat est d’abord celui des commerçants eux-mêmes.
Pourquoi bon sang la plupart ouvrent-ils de 10h00 à 12h30 et de 15h00 à 18h30? Pour que les actifs ne puissent pas rentrer dans leur magasin? Quelle voie royale pour les prises de commandes sur Internet et les malls ouverts nécessairement toute la journée ! On pourra faire beaucoup nos commerçants, mais s’ils attendent qu’on se substitue à eux et qu’on trouve toutes les solutions à leur place, ils mourront.
Ce combat est ensuite celui des professionnels du retail.
Nous sommes heureux de voir que nombreux sont les acteurs dans le retail. Mais ce qu’on ne dit pas beaucoup, c’est qu’ils sont exclusivement ou quasi orientés vers les enseignes car cela est nettement plus rentable. Dont acte. Mais peut-être que certains d’entre eux ont les moyens de pénétrer les commerces de proximité indépendants. Leurs services pourraient aider des dizaines de milliers de commerces au moins à gagner en performance…
Ce combat est bien sûr celui de tous les français consommateurs que nous sommes.
Avec +80 milliards d’euros de dépenses sur la toile en 2017 et en progression de près de 15%, les français font de plus en plus leurs emplettes sur le web. Cela représente 9% des ventes totales du retail physique, qui lui-même ne croît plus, donc… l’effet de ciseaux semble inéluctable. Qui a profité du Black Friday dans une boutique de centre-ville? 😉 Alors oui, il faudrait que les français qui le peuvent isolent un pourcentage de leurs dépenses du quotidien et de loisirs à destination des commerces indépendants de proximité. Ils ont l’impression de payer plus cher? Oui, sans doute, mais il paieront de l’intangible pour eux: la vie et la vitalité de leurs centres-villes, et donc par exemple la stabilité de la valeur de leurs biens immobiliers…!
Quand on y pense, 9% des ventes cela représente l’équivalent de 60 000 commerces. En 15 ans, depuis qu’internet est devenu un canal commercial, on pourrait donc dire qu’il a pris la place (ou tué, c’est selon) de 60 000 commerces… Rien qu’en France. Ah les mises en perspective ne sont pas toujours agréables !
Ce combat est aussi certainement enfin celui des pouvoirs publics.
Non pour bâtir des plans successifs de sauvegarde de 5 Milliards dans ce qui n’aidera certainement pas grand monde. Mais pour encadrer juridiquement les ouvertures de grandes surfaces commerciales périphériques; pour cofinancer pourquoi pas des tickets d’achat de bonnes viandes de boucher ainsi qu’ils le font pour les voitures propres; pour faire sauter le verrou des 35h00 qui ne permet pas à de nombreux commerces d’ouvrir quand il le faut.
Combattons. C’est un soft combat mais nous devons nous bouger pour faire battre les petits cœurs dynamiques de nos centres villes. Car ce qu’il y a à gagner est sans commune mesure avec ce qu’il y a à y perdre au quotidien.
Et peut-être faudra-t-il revenir dans les églises prier Saint Victorien, le saint patron des commerçants !!
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