Le studio Jean-Marc Gady est un atelier de création passionné et pluridisciplinaire qui propose des projets transmettant l’émotion avec un souci du détail et de la perfection. Au travers des enjeux des différentes marques, le studio propose sa vision esthétique liant émotion, générosité et cohérence. Le but : apporter une forme de poésie tout en conciliant les objectifs des marques et une exigence esthétique et artistique.
MW: Qui êtes-vous ? Comment êtes-vous devenu designer ?
EA: Fondé en 2006, le studio de création de Jean-Marc Gady est pluridisciplinaire et son activité couvre des projets de design d’objets, d’architecture intérieure, de scénographie et de vitrines. L’équipe du studio reflète cette pluralité, et se compose d’architectes d’intérieur, de designers produits, et de spécialistes 3D.
En 2014, sollicité par Apple pour sa vision et son expertise, Jean-Marc Gady débute une aventure californienne. Il a tout de même souhaité conserver, son studio de création à Paris. Marina Clout et moi-même entourées d’une équipe fidèle, poursuivons son activité de création en design et espaces. A savoir que l’on se considère plutôt comme des artisans de la création, nous sommes une équipe de passionnés qui aimons travailler en mode « atelier ».
MW: Comment vous êtes-vous lancée dans la mise en scène de vitrines ?
EA: Pour le studio Jean-Marc Gady, la vitrine est un vecteur de message ; on essaie de retraduire les valeurs de la marque pour laquelle on travaille via les vitrines et également d’amener une part de poésie, d’émotion, un message. Le plus important c’est le fait que la vitrine ait un impact de loin de manière à ce qu’elle nous attire et qu’une fois devant elle capte notre attention et mette en valeur les produits présentés.
MW: Comment définissez-vous le métier de designer ?
EA: C’est un métier que l’on pourrait définir comme un catalyseur car nous sommes finalement au croisement de beaucoup de métiers ; La seule chose qui nous est réellement propre c’est la partie esthétique.
En effet, nous avons plusieurs types de savoir-faire : marketing, esthétique, ergonomique, technique, etc. Au final, notre travail consiste à catalyser tous ces éléments et de venir produire un élément visuel qui rassemble toutes les contraintes liées au cahier des charges en proposant notre vision esthétique.
Concernant les vitrines, nous faisons beaucoup de collaborations avec les marques dont certaines sont annuelles. Pour ces dernières, nous n’allons pas dessiner une vitrine unique mais, nous allons mettre en place un programme de vitrines sur l’année pour une même marque et ce qui nous intéresse dans ce cadre-là c’est de définir une écriture, un langage propre à la marque et qui deviendra in-fine une signature et qui permettra alors de créer un rendez-vous avec les amateurs de la marque, les clients voire ceux qui ne connaissaient pas la marque et de créer une forme de fidélisation des clients.
Nous avons collaboré avec Berluti durant plus de 2 ans et pour cette marque nous avons totalement monté le programme vitrine et écrit le langage vitrine de la marque. C’est ce que nous faisons actuellement avec Montblanc et que nous avons fait avec Hugo Boss, Louis Vuitton ou encore Patchi : une marque libanaise de chocolats fins. Dans ces créations, il y a, à la fois, la partie esthétique dans laquelle nous proposons un parti-pris, un langage de la marque et il y a aussi la partie plus technique et pratique, dans laquelle notre travail consiste à décliner la création sur les différents formats de vitrines afin qu’il y ait une cohérence dans l’ensemble des vitrines du réseau.
Une des spécificités du Studio Jean-Marc Gady est de travailler depuis la création du concept jusqu’à la partie développement et mise en production et ce dans le but que la qualité de finition soit au niveau d’exigence du studio mais également à celui de la marque.
« La vitrine est un vecteur de message. »
MW: Quels sont les différents éléments sur lesquels vous jouez pour créer une animation en vitrine ? Quelle ligne artistique visez-vous à travers vos réalisations ?
EA: Nous aimons les matériaux au sens large du terme, c’est-à-dire que nous sommes très attachés à la matière et que nous aimons façonner les différents matériaux et d’autant plus avec des artisans et des savoir-faire. Plus particulièrement, au niveau de la vitrine, on peut travailler sur tous les éléments : la vitrophanie, les volumes en tant que tel, les graphismes, la lumière (lorsque c’est possible), le mouvement mais, cela dépendra forcément des possibilités budgétaires de la marque. Nous réalisons également des vitrines qui sont uniques et qui pour le coup sont beaucoup plus « sur-mesure », comme par exemple celles que nous avons pu créer pour Chloé ou encore Christofle, cela nous permet d’avoir une adaptation très précise au niveau de la boutique et de pouvoir d’autant plus jouer sur le lien entre la vitrine et l’intérieur du magasin.
MW: Aujourd’hui, la concurrence créative fait rage dans le milieu de la mode. Les défilés sont devenus spectacles et les vitrines des magasins des univers en quatre dimensions… Quelle tendance se dégage actuellement ?
EA: Nous ne parlons pas de tendance car chaque projet, chaque marque, chaque lancement ou collection est unique et à chaque fois nous inventons une nouvelle méthodologie de travail, chaque projet est une nouvelle aventure… Nous sommes bien évidemment imprégnés par ce qui se passe et les tendances mais nous n’allons pas les retranscrire telles quelles, mais retraduire et jouer avec l’histoire, le savoir-faire et le patrimoine des marques afin de leur proposer une vision contemporaine.
MW: Où puisez-vous votre inspiration ?
EA: Partout… et surtout pas là où on l’attend. Ce qui est intéressant c’est de prendre tout ce qui nous entoure comme source d’inspiration.
MW: Quel est le projet dont vous êtes le plus fier ?
EA: Il n’y en a pas qu’un seul…ce serait mentir. Nous sommes cependant très fiers des collaborations avec Berluti et Montblanc notamment les vitrines du SIHH (Salon International de la Haute Horlogerie de Genève) de cette année et de l’an dernier qui sont une belle réussite.
« Une vitrine qui amène de la magie, de la poésie et qui transporte dans un souvenir est une vitrine réussie. »
MW: Quelles sont vos dernières réalisations ?
EA: Nous venons de réaliser les vitrines ainsi que l’ensemble de la scénographie de l’espace de 1000m² de Montblanc au SIHH sur le thème « Spirit of exploration ». Pour ce type de création, vitrines et scénographie se complètent et dialoguent pour proposer au visiteur une expérience unique et singulière.
MW: Selon vous, quel est le secret d’une vitrine réussie ?
EA: Une vitrine qui réussit à apporter de l’émotion, via ses décorations mais aussi via le produit qui est présenté. Une vitrine qui réussit à transporter les gens qui la regardent dans un univers, qui leur amène de la magie, de la poésie et qui réussit juste à les capter pendant un instant et leur apporter plus qu’un décor et à les transporter dans un souvenir, dans une référence qui leur parle.
MW: Un dernier mot pour conclure ?
EA: Les plus belles vitrines sont encore à créer !
Un grand merci à Emilie André pour cet agréable échange !
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