Au cours d’une interview, Stéphanie Moisan, scénographe freelance et créatrice du blog journaldesvitrines, nous a livré sa vision de la vitrine et partagé son émerveillement pour ces « boîtes à rêves ».
Avant d’en arriver à la vitrine, Stéphanie Moisan était architecte d’intérieur, diplômée de l’ESAG-Penninghen ; elle a évolué dans différents domaines, aussi bien dans la création de bijoux, d’accessoires de mode que dans le design d’objets déco ou encore dans l’événementiel.
En 2009, elle découvre que les vitrines sont le parfait mélange du contenant et du contenu, c’est-à-dire du produit et de ce qui l’environne. Elle recentre alors son activité pour se consacrer exclusivement au domaine de l’éphémère en travaillant essentiellement dans les vitrines et pop-up stores. Dans la foulée, elle créé son blog pour pallier le manque d’informations à ce sujet et afin de présenter un état des lieux des vitrines qu’elle considère intéressantes et qui l’enchantent à son passage. Les photos, Stéphanie les prenait au gré de balades, lors de virées vitrines, surtout le soir car c’est à ce moment-là qu’on les distingue le mieux et qu’elles se font le plus remarquer. Dans ce blog, elle parle de l’univers des vitrines en général et leur donne ainsi un espace d’exposition pérenne. Depuis peu, elle publie également son actualité sur son compte Instagram.
« Une vitrine est à la fois un média et un vecteur d’émotions ».
Lorsque Stéphanie Moisan s’épanche sur son métier de scénographe, il en ressort qu’il faut être passionné et se renouveler constamment, « c’est un métier très créatif qui demande sans cesse de rechercher de nouvelles idées, de s’imprégner de l’univers des marques ».
Pour la scénographe, une belle vitrine est avant tout une vitrine qui interpelle, qui accroche le regard et qui raconte une histoire.
« Il y a une montée en gamme des vitrines de manière générale et de plus en plus d’interactions entre l’art et la mode ».
Depuis peu, on observe un nouveau phénomène en vitrines : la digitalisation. Celle-ci peut être intéressante dans le cas d’interactivité avec le passant nous précise la scénographe et d’autant plus, lorsqu’il y a une continuité avec le merchandising in-store : expérience sensorielle, cabines d’essayage virtuelles, …
La vitrine est un média à part entière et les marques en prennent de plus en plus conscience ; à cet effet, Stéphanie, pour sa clientèle haut de gamme, se met au service des marques afin de leur apporter créativité et imaginaire. Elle a beaucoup travaillé pour John Lobb (Groupe Hermès), Van Cleef & Arpels, et d’autres encore, que ce soit en France ou à l’international. Actuellement, elle habille les vitrines de la marque chinoise de prêt-à-porter Icicle, marque émergente de la nouvelle Chine qui s’inscrit dans un nouveau mouvement à l’inverse des stéréotypes, avec des valeurs de la nouvelle Chine : style minimal, qualité maximale et éco-responsable.
Pour réaliser ces « boîtes à rêves », son inspiration, Stéphanie Moisan la trouve dans son quotidien, dans la rue, lors de visites, d’expositions, dans l’art contemporain ou encore en allant sur des salons professionnels. Afin de créer des vitrines qui produisent des sensations et émotions fortes, elle s’adapte en fonction des projets et des histoires de chaque marque, va jouer avec la lumière, les couleurs et le graphisme afin d’émerveiller et capter l’attention des passants.
« La compréhension de la vitrine se doit d’être instantanée, il s’agit de capter l’instant comme une évidence ».
La vitrine est un univers dans lequel il y a toujours moyen d’être impactant avec des idées simples, par exemple, pour la marque de luxe John Lobb, la créatrice a travaillé des matières naturelles et peu coûteuses : du bois, du sable, de la mousse …
La scénographe a plusieurs vitrines « coup de cœur » :
Tout d’abord, elle a toujours apprécié ce qui est conçu chez Lanvin, ce sont des vitrines haut de gamme mais traitées de manière décalée, mais aussi ce qui se fait chez Vuitton ou encore dans les grands magasins parisiens. La particularité de ces derniers est qu’ils ne présentent pas qu’une seule marque à la fois mais qu’ils se positionnent sur des thématiques.
Parmi les vitrines sur lesquelles elle a travaillé, elle a beaucoup aimé celles réalisées pour Van Cleef & Arpels qui ont d’ailleurs été primées lors du Festival de publicité à Crans Montana, en décembre 2012. Enfin, Stéphanie affectionne particulièrement les vitrines qu’elle conçoit actuellement pour Icicle, où elle s’inspire de cultures ancestrales.
Avant de conclure cet échange, la scénographe nous a fait part de son avis sur Message In A Window ; elle nous a livré qu’elle trouvait le concept intéressant, à la fois pour les annonceurs et pour les commerçants. En effet, d’une part, les marques gagnent en visibilité et profitent de lieux qui étaient négligés en termes de communication. D’autre part, ça permet aux commerçants de monter en gamme leur vitrine et d’apporter une visibilité plus cohérente aux passants.
Stéphanie Moisan aime l’éphémère appliqué au luxe et s’apprécie à nous émerveiller de par ses réalisations qui participent à donner du charme aux centres-villes et fasciner les passants.
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